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La voix des femmes

Quatre ans déjà que j’anime des cercles de femmes ! Une joie immense de le faire, même deux fois dans une semaine. Aucun ne se ressemble et j’ai beau proposer certaines consignes identiques dans chacun, le résultat est à chaque fois différent. J’aime profondément ces moments d’authenticité et de sororité…

Ce mois-ci, nous avons expérimenté le regard. Regarder l’autre dans les yeux pendant un temps que je ne donne pas, sans bouger, sans parler. 

Certaines ont tressauté lors de l’annonce de la consigne. Toutes l’ont fait, heureuses de l’avoir fait même si cela n’a pas été confortable. Les visages se détendent et il y a aussi eu le fou-rire d’un binôme qui retrouve son âme d’enfant. Les retours sont beaux et touchants, joyeux.

Le deuxième exercice : se regarder dans un miroir pendant un certain temps. Là encore, je ne donne pas la durée. Certaines rechignent et finissent par ne pas lâcher leur miroir quand quelques notes annoncent la fin de l’expérience. J’adore, d’autant plus quand, pendant le tour de parole, elles confirment que c’était trop court…

Avant ces exercices, un temps de parole pour partager notre météo et ce avec quoi nous arrivons. 

Hier soir, le cercle a été, une nouvelle fois, le témoin d’un partage intense et probablement guérisseur pour celle qui a posé des mots sur une expérience traumatisante traversée enfant. Amnésie traumatique, nous mettons en place des modes de protection pour survivre. Notre mental oublie, notre corps sait et peut finir par se souvenir, ou pas. Se souvenir d’un abus, d’un inceste, de violences, que sais-je encore. Nous sommes nombreuses à avoir subi…

Je ne compte plus le nombre de femmes (et d’hommes aussi) que j’ai croisées, dans ma sphère amicale, professionnelle ou familiale, jeunes ou moins jeunes, qui ont vécu des traumatismes de ce genre. Au point de ne pas pouvoir parler, d’être figé.e dans un grand silence et une errance de leur être, ne sachant quoi faire, perdue. D’autres sont dans l’incapacité de chanter, d’ouvrir la bouche pour chanter et laisser leur voix s’exprimer….

Et puis d’autres ne sont pas directement concerné.es : ce sont leur mère qui l’ont été. C’est parfois su par leurs filles, ou pas. Le secret s’invite et transpire d’une génération à l’autre, insidieusement. S’il n’est pas révélé, il peut déclencher des pathologies diverses et variées (voir les livres de Serge Tisseron sur le sujet).

Je réalise que depuis le solstice d’hiver, nous, les femmes, nettoyons, toutes, d’une façon ou d’une autre nos expériences traumatiques, celles de nos mères, de nos lignées de femmes, voire celles des femmes du monde. Comme si la parcelle que je guéris, guérit un peu celle des autres ; nous ne faisons qu’un !

Lors de notre cérémonie d’équinoxe, nous avions rendez-vous  pour « nettoyer » encore et encore nos blessures. C’est au pied d’un grand sapin que nous avons toutes été bousculées. Il a fallu que je passe auprès de chacune avec mon bol tibétain pour apaiser des ressentis forts et pas forcément agréables. Pour la première fois, j’ai le sentiment que nous avons rendez-vous pour une guérison. Nous avons fini notre fête joyeuses et plus légères !

Je partage souvent avec les mêmes amies en ce moment de nos évolutions. Nous sommes toutes en chemin, sur différents chemins, avec une trame identique : nous sommes toutes porteuses de mémoires traumatiques, qui datent de nos mères, grands-mères, arrières-grands-mères, et avant encore. 

Prenons conscience que depuis le Moyen-âge, la place de la femme est devenue silencieuse. Juste bonne à enfanter, sans que son sang ne soit honoré et reconnu comme pur. L’église a contribué à cet état en ne mettant que des hommes à sa tête, en aidant à la chasse des sorcières en son temps. Les sorcières étaient ces femmes qui avaient la connaissance des plantes, qui savaient les préparer et les utiliser…

Ce temps-là se termine avec un travail colossal fait par de plus en plus de femmes. 

Non pas pour devenir féministes (c’est un combat qui n’a plus lieu d’être me semble t’il), mais pour être dans notre plein potentiel, chanter puissamment la vie en lien avec notre Etre. 

Cette guérison que nous nous offrons, qui passe par des stades pas toujours faciles, va permettre aux hommes aussi de se mettre en chemin et de réaliser qu’il n’y a pas que faire dans la vie. 

D’ailleurs, nous n’emportons rien de ce que nous avons fait dans notre vie là-haut. Nous n’emportons que ce QUI nous avons été, ce QUI nous sommes !

Savez-vous QUI vous êtes ? Si vous avez besoin, je peux vous aider sur ce chemin avec joie…