Je réalise qu’il serait bon d’organiser la suite de mon voyage puisqu’il me reste moins de 15 jours. Je passe la matinée à le faire pour voir quel itinéraire je prends et où je dors. En fin de matinée, ça se profile mais ce n’est pas complètement dessiné.
Je me suis installée dans le salon non loin du poêle. Je découvre à côté, un seau dans lequel sont mis des bûches de tourbe.
Déjeuner simple à base de riz (ça ne fait pas de mal à mes intestins) et je décide de prendre le bus pour aller au bout de l’île, au port de Ness. Le propriétaire de l’auberge me l’a recommandé.
Je me trompe dans les horaires m’étant basée sur celui du vendredi, nous sommes mercredi ! J’attends donc 30 minutes. Alors qu’il a fait beau ce matin, les averses reprennent. Un premier arc-en-ciel de l’arrêt de bus. Et puis, en route dans un grand bus avec un chauffeur sympa. Je monte tout devant pour bien voir. Des élèves sont montés aussi, ils ont fini les cours. Nous voilà sillonnant petites et grandes routes pour aller à la pointe nord de l’île : Port of Ness.
Le trajet est sublime ! Mélange d’eau et de tourbières qui donne un air de paysage… … … très particulier, indéfinissable. Le temps s’amuse entre soleil et pluie ce qui donne lieu à de magnifiques arcs-en-ciel. Pas loin d’une dizaine dans l’après-midi ! Je n’en ai jamais vu autant en si peu de temps !!! Ils symbolisent le renouveau, l’espoir et sont le lien entre le ciel et la terre…
Arrêt du bus dans la campagne ; je pense que c’est un centre sportif, le chauffeur me dit que c’est une école. Nous attendons la sortie des classes à 15h45. Les primaires viennent comme des grands ; les plus jeunes sont accompagnés par Miss Lennon, qui les installe un par un en vérifiant leur ceinture. Certaines petites filles, chante en gaélique, c’est touchant. Les gens de l’île sont tous bilingues et parlent aussi bien anglais que gaélique, une langue mystérieuse !
De nouveau, les élèves sont déposés devant chez eux, faisant passer le bus par des petites routes.
Arrive un carrefour, il est 16h00. Le chauffeur me dit :
« voilà, c’est l’arrêt pour vous, le port est à gauche, toujours tout droit ! Pour le bus de ce soir (à 20h25), revenez ici, ce sera un minibus »!
Je regarde autour de moi : quelques maisons et le bout du monde. La sensation d’être presque laissée à l’abandon !
Après une hésitation à rester dans le bus, je descends et vais vers le port. Un km de marche en traversant un hameau proche du port. Une galerie d’art, un café qui semble ouvert avec une vue imprenable et le port. Je descends pour arriver à la jetée. J’aperçois un cygne qui semble avoir une aile abîmée, qu’il ne peut replier complètement. Il marche cahin-caha, à petits pas. Je suis toujours subjuguée par ces animaux.
La vue est magnifique : le sable clair contraste avec la jetée foncée en béton, le vert de l’herbe sur la falaise. La plage est immense et splendide, les jeux de lumière incroyables. Le soleil brille, c’est encore une fois magnifique !
Quelques touristes, 5,6 voitures tout au plus.
Alors je ne vais pas m’aventurer sur les sentiers, car je ne me vois pas attendre le bus du soir : trop perdu et le temps est instable. Je décide de prendre le chemin du retour en marchant sur la route en levant le pouce.
Première fois de ma vie que je le fais. Les voitures passent, les gens me regardent ou pas, articulent un « sorry » ou pas, et tracent leur chemin.
Une vieille dame s’arrête : « je suis désolé, car je vais à côté faire des courses ».
– savez-vous si c’est un bon endroit pour être prise ?
– Oui, restez là, il y a du passage !
– Merci beaucoup à vous, au revoir
– je suis désolée encore, au revoir.
Je réalise que 50 m plus haut, il y a un carrefour avec des voitures qui tourne dans la bonne direction. Je me rapproche, je rate une Porsche !
Finalement, il m’a fallu 2 km de marche et 15 minutes d’attente environ, pour tomber sur un couple d’anglais charmants.
Lui, policier, à la retraite, elle pharmacienne.
C’est la deuxième pharmacienne que je croise en deux jours ; Cathy, lundi, chauffeur de taxi, l’est aussi. Je pense immédiatement à mon grand-père et ma grand-mère qui étaient pharmaciens. Je sens la présence de ma grand-mère fortement, je la sens veiller sur moi, mon grand-père aussi !!!
Un moment d’échanges et de partages très agréable ; C’est chaleureux, et sans chichis, nous allons à l’essentiel avec beaucoup de bienveillance. Est-ce le fait de ne pas se connaître qui permet ça ?!? Lui a un frère qui vit en France. Ce n’est pas le premier à me le dire. La route est toujours aussi belle, je suis heureuse de ce moment et pleine de gratitude.
17h45, Retour à Stornoway sur le parking d’un magasin à l’entrée de la ville. Je les remercie chaleureusement pour leur accueil et rentre à pied jusqu’à l’auberge. Je revois Nathalie avec qui je discute. Nous partageons notre journée. Femme incroyable qui a des problèmes de santé et qui ne sent rien. Elle est hyperactive et fait plein de sports, a parcouru l’Asie en vélo couché. Elle m’explique enfin que ce type de vélo permet d’avoir plus de force dans les jambes, et surtout qu’il n’engendre aucune pathologie ou douleurs ! Elle me parle de son blog je lui parle du mien ; nous visitons nos blogs respectifs. Une douche, une lessive, un dîner en discutant avec Nathalie et un hollandais qui nous a rejoint brièvement le temps d’avaler son repas. À 21h30, je vais me coucher, fatiguée. Néanmoins, je passe du temps sur mon téléphone, me disant que ce serait bien de réduire ce temps passé dessus…
