Je pars le jeudi matin (05.10.23) vers 9h30 pour prendre le bus et descendre dans le sud. Direction Tarbert. Il pleut beaucoup, j’abandonne l’idée du stop. La route est sublime encore une fois même si le ciel embrasse cette terre de tourbières et d’eau pendant que les moutons paissent un peu partout, du bord de la route, voire sur la route aux champs.
J’ai réservé dans une auberge qui n’est pas forcément dans une belle énergie. J’y reste l’après-midi à écrire, il pleut des déluges et il y a du vent. Le vent va augmenter et la tempête souffler toute la nuit faisant vibrer le toit de l’auberge. Je finis de réserver les hébergements, il me restera à voir les transports. Quelques courses à l’épicerie du village, le monsieur me parle du ferry. Il est en panne et m’invite à vérifier qu’il sera bien en service le lendemain.
Après une nuit agitée entre le vent et la pluie, je reprends un minibus pour traverser Harris. Les paysages sont à couper le souffle même si les nuages câlinent les sommets des montagnes, qui ne sont pas visibles. Je pensais arriver dans un port avec de l’animation : rien, tout est fermé si ce n’est la salle d’attente. J’y attends 2h30… Ce sera un bateau rapide qui nous fait traverser : nous sommes deux, une dame et moi. Le capitaine est très accueillant, avec de beaux yeux bleus, son second aussi. 30 minutes de traversée, une belle vitesse avec parfois des vagues un peu courtes qui font rebondir le bateau durement, il tape bien. Paysage encore magnifique fait de mer et d’îles posées ici et là : une bonne vingtaine d’après la carte ! Pas de dauphins, alors je m’amuse à faire des vidéos au ralenti.
Arrivée au petit port de Berneray, rien encore. Pas âme qui vive et surtout je n’ai pas de réseau pour mon téléphone. La dame qui est montée avec moi m’aide et me donne l’horaire du bus et surtout l’endroit où l’attendre. A priori, c’est le bon. Je découvre qu’elle s’occupe de secourir les baleines échouées ou blessées. Elle forme le public à se servir d’outils spécifiques faits pour aider les baleines et les remettre à l’eau. Elle couvre un grand territoire et me raconte qu’il y a eu 17 baleines mortes sur leurs côtes cet été, ce qui est énorme ! Elle m’explique que les baleines vivent en groupe et que si une ne va pas bien, les autres la veillent et restent près d’elle. C’est probablement pour cette raison qu’il y a eu beaucoup de décès cette année…
J’hésite à refaire du stop et je rate la seule occasion avant que le bus passe.
Traversée de North Uist pour rejoindre l’île de Benbecula où se trouve l’auberge où je vais : Nunton House.
Une heure de route ; nous nous arrêtons dans des petits ports où arrivent les ferries de Skye et d’ailleurs.
Je discute avec la chauffeur qui me dit qu’il n’y a pas (ou peu) de neige puisque le Golf Stream passe par ici. En revanche, du vent, encore du vent et du vent !!!
1.200 habitants dans les Hébrides qui sont maintenant reliées entre elles par une route à des endroits où la mer n’est pas haute. C’est sublime encore une fois ! Mélange d’eau et de tourbières, avec des maisons posées ici et là…
L’auberge est en bord de route, je suis déposée devant. Une belle maison rénovée avec des matériaux de qualité et joliment fait. Une couette en duvet d’oie, un vrai luxe. Je suis seule dans ma chambre, un jeune est en bas dans une autre. Nous partageons quelques fois la cuisine et des conversations quand il ne travaille pas.
Samedi 7.10.23 matin, le soleil est bien présent, j’en profite pour aller marcher et découvrir les environs. Je tombe sur un cimetière classé. Ce sont des endroits très différents des nôtres. Une seule pierre tombale verticale signale la tombe, le reste c’est de l’herbe. Beaucoup plus joli et accueillant, paisible aussi.
Je vois d’abord la partie récente, qui ressemble de plus en plus à nos cimetières avec des pierres importées de Chine ou d’ailleurs, sans grande âme. La partie ancienne a des pierres bien plus jolies avec des gravures plus ou moins lisibles selon leur ancienneté. Les ruines d’une chapelle entourée des tombes indique qu’elle date du Moyen-âge. La légende raconte que la première présence du christianisme sur l’île remonte au 6ème siècle : des communautés monastiques irlandaises. Cette chapelle a probablement été construite au Moyen-âge et abandonnée à la Réforme. Le cimetière a continué à être utilisé celui explique l’élévation du niveau du sol qui arrive aujourd’hui quasiment en haut de la porte de la chapelle.
Tantôt catholique, tantôt protestant, ce cimetière est aujourd’hui le principal pour toute la communauté de l’île de Benbecula.
Je veux rentrer dans le cimetière mais je suis stoppée net. Je demande si je peux rentrer, on me répond oui mais… Je ne laisse pas finir et fait un rituel de protection, je sens que c’est mieux.
Des tombes de 1837, 1885, 1903. Du haut du cimetière, on peut apercevoir la mer. Je marche, observe, ressens.
J’arrive devant une tombe : Donald Mc Donald, mort le 21.11.1885 à l’âge de 71 ans et sa fille Marion , morte le 08.03.1880 à l’âge de 10 ans. Je m’apprête à continuer quand je suis retenue devant cette tombe. Apparemment, l’âme de cet enfant est encore là, errante, n’ayant pas compris qu’elle est morte. Elle est perdue et ne comprend pas pourquoi on ne la voit pas !Je demande s’il serait bon de la faire passer dans la lumière pour qu’elle continue son chemin entourée de ses défunts vers d’autres dimensions. On me dit que oui, elle en a besoin.
Je demande de l’aide pour le faire. Je vois un grand tube qui part vers le ciel. Marion est effrayée alors je lui parle en anglais, elle semble me comprendre. Je lui explique la situation et lui propose de me donner la main. Je lui annonce que je la lâcherai le moment venu pour la laisser partir. Je la sens me donner la main, ma main droite, et se coller contre moi.Je demande à ce qu’elle soit accueillie par ses défunts, son père, sa mère, avec beaucoup d’amour. Et je lui lâche la main, elle part et s’envole vers d’autres dimensions. Elle a enfin trouvé la quiétude. Je les remercie et continue ma balade…
L’après-midi sera tranquille, j’ai besoin de me reposer.
Dimanche 8.10.23, il pleut et le temps est brumeux. Alternance de bruine et de douches écossaises ! Le propriétaire passe et discute avec Alan, le jeune. Tout d’un coup, ils se mettent à parler d’intempéries, disant qu’il n’y a aucun train qui circulent aujourd’hui en Ecosse à cause du mauvais temps et des inondations. Une gare a été envahie par les eaux : plus de rails, l’eau les recouvre pratiquement jusqu’au bord du quai… Des routes coupées, les conditions ne sont pas bonnes.
Alan m’apprend qu’entre septembre et octobre, il y a en général une semaine d’intempéries. Sauf que là, elles sont sévères. Un ami d’amie à qui je demande son avis me conseille de rentrer car ce peut être dangereux en plus du fait qu’il pleut beaucoup…
Je découvre ce même jour ce qu’il se passe en Israël et qu’il y a eu un tremblement de terre en Afghanistan.
J’envoie un message à une amie, qui a de la famille en Israël. Elle me répond : « à bientôt, si Dieu le veut »!!! Elle est là-bas… Ça a l’effet d’une déflagration : je ne pensais pas un jour connaitre des personnes vivant de telles choses ! Je suis touchée dans mon coeur et dans mon corps, avec la sensation de rentrer malgré moi dans cet égrégore de « guerre » alors que je ne l’ai pas voulu… Cela me fige malgré moi, réflexe de la paralysie par la peur bien actif, il se met en place. Je suis triste, pas bien et traverse différents états pendant plusieurs jours. Heureusement, une amie accueille ce que j’ai à lui partager ce qui me soulage un peu. Grand paradoxe : je suis dans un coin retiré du monde, d’une quiétude incroyable ! J’ai les larmes aux yeux de savoir que d’autres êtres vivants sont en danger sur cette planète ! Est-ce possible ???
Je devais continuer mon trajet vers Mallaig, Fort William, Crianlarich puis Edimbourg. Finalement, je trouve un vol pour le jeudi 12.10.23 soir.
Il me faut passer Fort William, avant mardi, un autre épisode de tempête étant annoncé pour ce jour-là.
Lundi 9.10.23, je repars de Benbecula le matin.
Avant, je vais à la plage marche un peu et prendre le soleil avant la pluie. Il fait doux et je vois des macareux moines, ces oiseaux au bec et aux pattes oranges. Pas très grands, ils sont magnifiques. Je n’ose approcher pour profiter de l’instant. Je prends une photo mais je ne suis pas sur qu’en zoomant, on puisse les voir, ils sont assez farouches. La couleur de l’eau est incroyablement claire dès que le soleil plonge dedans. Je suis en joie et remercie pour ce très beau moment.
10h55, le bus s’arrête devant l’auberge. Un minibus avec 3 dedans, dont le chauffeur, pas très grand avec de beaux yeux bleus clairs joviaux.
Ils parlent gaélique, je ne comprends rien… J’ai du mal à comprendre le chauffeur aussi. Je me retrouve seule avec lui et nous échangeons en même temps que je regarde dehors. Les paysages sot époustouflants ! Benbecula est plate, South Uist plus montagneuse ; les sommets sont dans les nuages. Je demande au chauffeur comment il trouve la vie ici : « géniale et paisible ». Il était dans les Shetlands avant où il me dit qu’il a eu très froid tout le temps avec beaucoup de neige.
Il me demande à quelle heure est le ferry et dis je connais Ericksay.
- non je voyage à pied et ce n’est pas toujours facile de découvrir
- vous voulez venir avec moi jusque Ericksay , c’est mon endroit préféré ? Je vous y amène et reviens à Lochboidasle vers 13h10, donc vous avez le temps
- ok je reste avec vous (après avoir vérifié l’horaire du ferry)
La route est incroyable avec des sommets, bosses dont on ne voit rien du tout, tellement elle est abrupte !!! Après 35 minutes, l’île d’Ericksay. Une route sur la mer pour y accéder, les poneys, les seuls vus sur toutes ces îles.
En revanche, bien avant Ericksay, il y avait le lac des cygnes : une bonne trentaine de cygnes, soit la tête dans l’eau, soit dignes sur l’eau ! J’en vois encore beaucoup sur le trajet dont un couple avec 6 cygneaux assez grands, avec leurs plumage de jeunes, marron et gris.
La symbolique du cygne : il incarne le plus souvent la lumière mâle, solaire et fécondatrice. Cet oiseau ouranien est l’inséparable compagnon d’Apollon, Dieu solaire de la musique, la poésie et la divination. Il célèbre la beauté, la culture, l’art, l’amour, la foi et la profondeur de l’âme. S’il s’est glissé sur votre chemin, il vous aidera à trouver de nouvelles façons de penser, de respirer et de suivre le courant. Il vous demande d’accepter votre capacité à savoir ce qui vous attend. Soyez attentif à votre intuition féminine, à vos intuitions, à votre instinct. Souvenez-vous de votre grâce et de votre beauté intérieures. Laissez-la briller pour que ceux qui vous entourent puissent la voir. Il permet aux célibataires de savoir que le véritable amour est proche…
Ericksay est sublime : une plage magnifique avec une eau très claire, du sable blanc. Petit port minuscule qui accueille le ferry qui va sur l’île de Barra, des maisons neuves ou anciennes magnifiques, posées ici et là.
Arrêt de 10 minutes au port, je descends marcher. Je suis émue d’être l’alors que d’autres subissent des horreurs…
Retour à Lochboidasle. Je sers chaleureusement la main du chauffeur réalisant trop tard que je ne lui ai pas demandé son prénom, ni pris un selfie ! Je suis encore une apprentie voyageuse ! J’ai bien fait d’aller visiter Ericksay, il n’y a rien si ce n’est une salle d’attente…
