Samedi 23 septembre 2023, jour d’équinoxe :
Il est 7h00 quand je me réveille. J’ai prévu de marcher jusqu’au port de Scrabster, à défaut de taxi. Je trouve un mail me disant que j’ai un taxi et prends le temps de me préparer. Cathy est là « on time » et me raconte ses projets de vacances : aller en voiture jusqu’en Italie pour le mariage d’amis. Elle a de beaux yeux bleus.
Départ du ferry à 8h45. Pas mal de voitures ont embarqué. Arrivée prévue à Stromness à 10h20. La traversée est agitée, la mer formée. Je n’avais pas pensé que c’est le jour de l’équinoxe, un jour puissant : 23/09/23 !
J’ai fait l’erreur de ne pas petit-déjeuner, ce que je fais habituellement. Après une bonne demi-heure, en pleine traversée agitée, j’ai du mal à marche et à trouver mon équilibre ; ça swingue ! Mon estomac n’est pas content et me le fait savoir.Je deviens patraque ce qui est rare chez moi. J’ai heureusement quelques provisions que je mange. Je mange doucement et ça semble passer. Sauf que la mer s’agite un peu plus, nous secoue un peu plus aussi. Je me déplace difficilement, je ne marche pas droit. D’habitude j’ai le pied marin ! Je regarde si je ne vois pas des sacs sentant venir l’affaire. Rien !
Je me mets alors à respirer lentement et profondément, et ça passe, ouf !
Les côtes approchent et sont magnifiques, déchirées par les éléments. Nous passons proche du « Old Man of Joy », une vraie célébrité ici. Un vieux piton rocheux qui se dresse fièrement à l’écart de la falaise, comme s’il voulait la fuit, vers la mer. Probablement un refuge pour les oiseaux. Il est rectangulaire et découpé par les éléments, étonnants !
Arrivée à Stromness, où du monde attend pour repartir sur le continent, euh non, l’Ecosse, la grande île. Je demande au guichet si je peux laisser mon sac mais les horaires de bus ne correspondent pas pour que je repasse le prendre. Alors j’envoie un message à Théo, mon hôte de ce soir, qui a bien voulu m’héberger pour deux nuits en couchsurfing. Il me répond que je peux venir déposer mes affaires chez lui.
Rencontre en fin de matinée, il vient m’ouvrir. Il s’excuse très vite me disant que ça sent le cannabis mais que c’est pour des raisons médicales qu’il en prend car il souffre beaucoup du dos, après avoir trop joué au foot. Il est aussi noir que je suis blanche, avec des dreadlocks cachées dans un turban.
Ne connaissant pas trop les us et coutumes en couchsurfing, je suis discrète.
Je dépose le plus gros de mes affaires pour aller déjeuner avant de prendre le bus à 12h30.
Je découvre la cathédrale de Kikwall sur le chemin qui date du 11ème sicle. Impressionnante !
En face, une boutique café tenue par un couple. Au fond, on peut y déjeuner. Je demande un plat végétarien sans bien comprendre ce qu’on me répond. Mon oreille ne s’est pas encore refaite à l’accent anglais, encore moins écossais. Alors j’acquiesce et vois arriver une assiette de fromages locaux avec un pain délicieux et un genre de confiture. C’est délicieux et suffisant.
Une pensée du jour émerge : fais attention à ne manger que quand tu as faim !
12h30, le Travel Center d’où partent les bus. Direction Skara Brae. 1h20 de trajet dans des paysages époustouflants. J’en suis émue aux larmes que je sèche derrière mes lunettes de soleil. Car si la pluie était prévue, un grand soleil rayonne !!! Des paysages de différentes couleurs avec des lacs, des collines ou des bords de mer. Beaucoup de fermes très isolées et des moutons, encore et encore, des vaches aussi.
Nous passons devant deux sites mégalithiques que je pensais aller voir aussi. C’est à Skara Brae que je suis appelée.
Un site découvert il y a peu en 1850, lors d’un gros orage. Un site plus ancien que les pyramides d’Egypte et occupé entre 3360 et 3160 avant JC.
Une centaine de personnes vivaient là en parfaite harmonie et heureuses, comme dans le film « La belle verte », film à voir (ça se sont des informations que je canalise).
Après la visite d’un habitat reconstitué, je vais m’assoir face à la mer, sur une pierre au bord de la dune. Les larmes arrivent et coulent. Je laisse faire. Ça m’est déjà arrivée entrant dans un lieu chargé d’histoire. Une copine m’avait alors dit : tu as probablement vécu ici dans une autre vie !
Alors je pose des questions :
- Pourquoi cette émotion ?
- Parce que tu es en train de reconnecter à une vieille mémoire, très vieille mémoire !
- Vous voulez dire qu’elle est en lien avec le lieu ?
- Oui tout à fait. Tu as vécu ici au moment où a existé ce village. Tu étais même un très bel homme fou amoureux d’une femme qui t’a donné des enfants. Deux ont survécu. Vous étiez très heureux !
Les larmes coulent, incrédule à ce qui vient de m’être transmis. J’en fais d’ailleurs un message à une amie pour avoir son avis sur la véracité de ces transmissions. Je suis encore méfiante alors que, et je fais mon « coming-out », on m’a dit plus d’une fois que je suis médium…
S’il y a des moments qui sont des évidences car je sens que les mots, les pensées ne viennent pas de moi, d’autres quand la fatigue est là, sont moins faciles à « reconnaitre ».
En même temps, en arrivant sur ce lieu, j’ai eu plein de frissons !!! Signe de mon corps qui m’indique que c’est juste ou que je suis à la bonne place .
Je ressens cet homme bon et fier avec une longue chevelure. Les explications données par les archéologues me laissent parfois pantoise ! Quand je demande, j’en ai parfois d’autres qui sont très claires pour certaines. Ils ne savent pas comment était le toit des maisons. Je reçois l’info qu’ils étaient recouverts de terre et d’herbe comme les maisons des Hobbits. D’ailleurs, pour la petite histoire, ce film a été canalisé par son réalisateur !
Je reste assise un moment ; on me demande de ne pas bouger et de rester calme. Une bonne demi-heure s’écoule, au moins, et je vais enfin voir le lieu qui a été découvert.
Différentes « chambres », maisons en étoile avec une particulière au milieu. Etonnant ! Le tout aujourd’hui en bord de mer alors que ça ne l’était pas à l’époque.
Quand je demande comment ils sont arrivés ici, sur ce bout de terre reculée, on me répond par la mer mais aussi par les airs ; par un long tube qui vient de là-haut pour ceux qui ont choisis de venir s’incarner là. Comme dans « La belle verte ».
Je ne m’offusque plus des réponses reçues et accueille ce qu’on me transmet. Néanmoins, je ne vais pas non plus gratté plus en profondeur. Je sens que j’ai encore du chemin à faire avec ces canalisations et surtout les infos auxquelles on me donne accès. Je suis invitée à gagner en confiance.
Visite du manoir à côté qui appartient à la famille du Lord qui a découvert le site. Une vieille maison anglaise typique dans laquelle la Queen Mother et la Queen sont venues. Je souris en lisant ça.
En revanche, une chambre est glauque et je ne m’y sens pas bien du tout. La sensation qu’un viol a eu lieu là ; je ne reste pas !!!
Je m’offre un morceau de pain d’épices et retourne face à la mer. L’endroit est sublime sous ce magnifique soleil.
Retour par le bus de 17h20. Nous sommes 4 dedans : la femme et la petite fille du conducteur, un jeune homme qui a visité le lieu et moi.
Dépôt au Tesco pour faire des courses pour mon dîner et les jours suivants, pour Rousay aussi.
Ce supermarché, équivalent de nos carrefour ou Leclerc, est ouvert tous les jours de la semaine : du lundi au samedi de 8h à minuit et le dimanche de 9h à minuit ! La caissière m’explique que c’est fait pour les personnes qui arrivent par le dernier ferry d’Aberdeen afin qu’ils puissent s’acheter leur petit-déjeuner. Elle est du soir (il est 18h45) et va trouver le temps long car il n’y a pas grand monde un samedi soir, si ce n’est la jeunesse qui traîne avec la musique à fond et qui boit…
Arrivée chez Théo, une bougie éclaire le couloir, un grand silence. Je vais dans ma chambre. Après un moment à me reposer, je mange un morceau de fromage avec un pain indien, des tomates cerises, chips et banane. Pas très diététique, pas beaucoup de choix dans les magasins !
Ne sachant pas si Théo est là, je lui envoie un message sur Whatsapp lui disant que je ne connais pas les us et coutumes de couchsurfing. Il me répond qu’il est disponible pour discuter.
Je le questionne sur sa vie. Il est prof de religion et morale à la « Gramar School » de Kirkwall. Apparement connu et reconnu pour son approche particulière qui fait réfléchir autrement. Il est formé au Bouddisme et forme à celui-ci.
Trente minutes pendant lesquelles il me dit que ce n’est pas toujours facile de vivre ici. En hiver, quand il y a trop de neige, l’école ferme plusieurs jours d’affilées. Il lui manque certains produits qu’il aime (il est Nigérien). Alors heureusement, il est envoyé à Glasgow ou Edimbourg régulièrement pour son travail. Il en profite pour faire des courses et rapporter ce qui lui manque. Il me dit que ça jase par ici cause de son traitement qui n’est pas compris par tout le monde. Il est très actif dans le monde associatif ayant créé un festival de musique pour rassembler les gens.
Il a fait ses études au Niger. Quand il arrive en Ecosse, elles ne sont pas reconnues. Alors il les reprend pour pouvoir être prof ici. Il les réussit et s’il coche la case pour aller n’importe où en Ecosse, on lui trouve un poste pour un an. C’est comme ça qu’il arrive à Kirkwall où il vit depuis 13 ans et où il est parfaitement intégré. Il me montre fièrement un article de presse parlant de lui, sa façon d’enseigner.
Notre discussion est stoppée par un coup de fil qu’il reçoit. Je sens que je gêne alors je m’éclipse dans ma chambre. Je me mets sur mon lit et finis par dormir à 22h.
Entretemps, Théo est sorti avec des amis, il m’avait prévenue…
