Pendant mon séjour dans les Orcades, j’étais partie dans l’idée de faire du stop et dormir chez l’habitant autant que possible. Je réalise que j’ai des peurs encore bien accrochées ! Je n’ose pas lever le pouce et alors aller demander l’hospitalité est un cran au-dessus pour moi. J’ai besoin d’apprendre encore à demander. Ce n’est que depuis pas longtemps que je le fais et j’ai encore besoin de lâcher des peurs. Demander implique recevoir. Qui suis-je pour recevoir ? Alors que je réalise au fur et à mesure de mon apprentissage que cela laisse la possibilité à quelqu’un de pouvoir offrir et partager dans la joie ce qu’il a à offrir, que je ne connais pas forcément. C’est riche de recevoir et tout aussi important et précieux !!! Etes-vous à l’aise pour recevoir de votre côté ? Je suis curieuse de votre réponse.
Je me demande aussi pourquoi ce voyage me pousse à aller si loin au nord, dans ses îles très différentes des Highlands que je voulais découvrir ? Je suis poussée à aller sur des îles ! En zone humide et fraîche puis en zone humide et chaude ! Pourquoi ? Trop tôt pour y répondre…
J’ai bien tenté de me dérouter vers les Highlands pour la suite de mon séjour, mais « on » (on = les guides, la source, ce que vous voulez) m’a soufflé que je devais me tenir à ce que j’ai prévu : les Orcades et les Hébrides, avec Lewis et Harris.
Samedi 30 septembre, le vent murmure enfin et j’en suis fort aise, c’est reposant ! Je me prépare : retourner au cairn de Taversoe Tuick pour aller dans la chambre du bas. L’air est doux, les midges de sortie mais pas trop agressifs. Pas besoin de moustiquaire de tête ! Oui, oui, en été, elle est obligatoire au risque de se faire manger…
Je descends dans le cairn et m’installe dans une alcôve. Je me mets en état méditatif et j’observe : des fourmillements dans les mains posées sur mes genoux, paumes vers le ciel. Je sens des fils d’énergie partir de celles-ci. Mes pieds picotent et mon 3ème oeil travaille aussi. Je reste immobile 20 bonnes minutes avant de ne plus avoir de sensations. Je bénis ce lieu, tous les êtres vivants dans tout l’univers. Je remercie et demande une guérison ici et maintenant. Je me sens très fortement reliée à Gaïa avec la sensation d’être en elle.
Je remercie encore une fois le lieu et reçois le message que je dois y revenir pour déposer des pétales de la rose que Caroline Moulin m’a offerte lors de sa bénédiction, reçue à Sainte Anne d’Auray. Je retourne à ma chambre et remonte avec la rose séchée.
Deux pétales se détachent, je les pose sur une pierre en remerciant le lieu de ce qu’il m’a offert : un chant sacré et je remarque que je n’ai plus de gêne au genou et quasiment rien à la cheville. Je suis heureuse et pleine de gratitude…
Lundi 2 octobre 2023
Je me suis levée aux aurores un peu avant 5h pour aller prendre le ferry dans le port de Stromness. Il nous est demandé d’arriver 30 minutes avant le départ au plus tard, je crois que c’est une heure avant pour les voitures. Moyennant quoi, nous partons dix minutes avant l’heure.
La traversée est sublime : lever du jour sur la mer avec le soleil qui émerge derrière les îles nombreuses sur le trajet. La mer est formée et nous offre un joli roulis que j’apprivoise. Quelques fois, il plante son nez dans l’eau !
S’engage une danse avec les éléments. Je sors voir le lever du jour sublime : danse avec le bateau pour y trouver mon équilibre (j’aime ça), danse du soleil et de la lune, danse des éléments, de la vie. Je pense encore une fois au Lemniscat (ce signe de l’infini) et l’impermanence de notre vie ! Et si elle était éternelle ???
J’ai le coeur en joie et je suis remplis de gratitude pour ce que je vis…
Arrivée à Thurso, je retrouve Cathy, la chauffeur de taxi qui m’emmène à la gare. 30 minutes de battement pour avoir le train qui m’emmène à Dingwall.
Elle me reparle de son métier de pharmacienne qui est très stressant. Je lui dis que mes deux grands-parents étaient pharmaciens. Je suis heureuse de la revoir, c’est une femme adorable.
Le train est à l’heure : deux wagons, un seul quai, il est bien rempli ce matin. S’en suit la descente vers la mer et Dingwall qui est sublime. Nous traversons un plateau de lande et de lochs. Un premier jeune cerf avec des petits bois. Puis, une horde de biches posées dans l’herbe qui entourent un magnifique cerf, fièrement dressé, avec de grands bois ! De l’autre côté de la barrière, un jeune cerf qui lorgne sur le troupeau !
Il fait un temps magnifique cette fois-ci et on voit à perte de vue. Une maison perdue au pied d’une montagne et proche d’un loch, incroyable ! Je ne sais comment on peut y accéder si ce n’est par un chemin. Pas de route…
3h20 de trajet magnifique…
Arrivée à Dingwall à 11h50. Pas âme qui vive dans la gare qui est fermée. Juste une dame qui attend qu’on vienne la chercher. Je lui demande où se trouve l’arrêt de bus pour Ullapool.
- Oh venez, suivez-moi, je vous emmène à l’arrêt de bus.
Elle demande aux personnes qui attendent si le bus 61 s’arrête bien là. Personne ne sait. Une vieille dame me suggère de demander au chauffeur du prochain bus qui arrive dans 10 minutes. Elle demande pour moi à son initiative, elle est heureuse de m’aider. Le chauffeur pense que ce n’est pas le bon endroit, plutôt sur la route principale.
Je traverse la rue pour aller demander à l’hôtel. Une dame de service regarde sur internet qui indique le « Council County », c’est à 500 mètres. Je m’y rends et tombe sur un abri de bus sans indication d’arrêt, sans horaires. C’est la première fois ! Alors je demande à plusieurs personnes, dont une qui finit par me dire que c’est bien là avec beaucoup de certitude dans sa voix ! Il est 12h45…
Je trouve un banc en retrait de la rue pour déjeuner d’une salade de pâtes en barquette. Côté alimentaire, je fais beaucoup d’entorse au régime qui est le meilleur pour moi : sans gluten et bio autant que possible. Difficile de trouver ici ce qui me convient. Résultat, mon ventre n’est pas content et il me le fait savoir…
A 13h20, je vois un très beau couple de retraités attendre à l’arrêt. Ils se tiennent droits avec leur sac de courses chacun à la main. Je les rejoins 10 minutes après.
- Vous êtes bien chargée, me dit le monsieur
- Oui, en effet. Est-ce bien l’arrêt pour le 61 qui va à Ullapool ?
- Oui, vous êtes au bon endroit, me répond sa femme
- Vous allez visiter des proches me demande le monsieur
- Non, je voyage
A 13h55, le bus arrive, en route pour Ullapool sur la côte. La route est sublime !
Le chauffeur a une conduite nerveuse et finit par se calmer. Heureusement, je n’étais pas très rassurée. La route, au début, est étroite et les croisements avec les camions parfois sportifs. Et heureusement, elle s’élargit sur les hauts plateaux. C’est encore une fois sublime : une succession de montagnes, vallées, un loch immense, le tout sous le soleil. On longe une rivière et on arrive à Ullapool, petite ville de bord de mer, tout en longueur, faite de maisons blanches alignées.
Je vais prendre mon billet pour le ferry (il est 15h) et laisse mon sac à dos dans le hall sous la surveillance du monsieur qui m’a vendu mon billet.
De belles boutiques, je prends un sandwich délicieux chez Delicatessen Sea. C’est frais et succulent, je leur dis, ils me remercient.
Tour dans la ville et je retourne au terminal.
17h, nous embarquons, 17h25, nous partons (à la place de 17h30).
Le chenal pour aller jusqu’à la mer est sublime au soleil arasant. Un peu avant sa sortie, la brume s’invite. La mer est plus calme que ce matin pour le moment, l’endroit est moins exposé aussi puisque entouré d’îles et de terre.
J’ai découvert ce matin qu’il y a un « pet lounge », un salon pour les animaux. Un autre pour les enfants avec des jeux et vidéos, un autre pour être au calme, des cabines pour ceux qui veulent dormir.
Je suis de nouveau émue d’être là, remplie de gratitude et de joie. Puisse-je vous en transmettre humblement.
Un message : « cette terre que tu regardes (à la sortie de Ullapool) rend humble et donne de la force, tu en auras besoin pour la suite de ton voyage ! Cette force vient des Vikings qui sont passés par là il y a bien longtemps. Ils ont laissé cette emprunte forte qui est un héritage puissant ».
L’accent a changé et est bien plus prononcé. Je ne comprends pas tout ce que me dit le monsieur sur le bateau, juste l’essentiel.
La mer va grossir et s’agiter mais je suis amarinée maintenant. Il semblerait que nous ayons croisé des dauphins, mais je ne suis pas dehors pour les voir.
Arrivée à 20h30 à Stornoway, il pleut ; auberge de jeunesse à 5 minutes à pied. Accueil sympa de Connie, une chilienne.
Encore timide dans mon voyage, je discute parfois avec difficulté.
Je prends une douche et vais me coucher. Difficile de trouver le sommeil, la nuit est agitée…