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Raiatea, l’île sacrée

Dimanche, 12 novembre 2023

Réveil à 4h44 alors que j’ai mis mon réveil à 4h45 !

Le temps de tout préparer et Maud vient me chercher pour m’emmener au port. Trop peu de voiture à cette heure là pour faire du stop mais moins cher qu’un taxi. J’en profite pour la questionner un peu. Elle vient d’Annecy et a débarqué avec mari et enfants il y a plusieurs années. Leurs débuts ont été difficile car ils manquaient d’argent. C’est ce qui a séparé le couple. Maud s’est retrouvée sans rien. Isabelle l’a accueillie et elle est devenue amie et salariée. Elle est revenue une fois en France, l’année dernière car elle n’avait pas assez d’argent avant.Elle est heureuse et contente de vivre à Moorea. Je l’embrasse et monte sur le bateau, 45 minutes jusque Tahiti. La mer est calme.

Je récupère mon sac à dos mis au fret (prise en charge et mis dans un chariot) pour le déposer au fret du nouveau bateau qui part 45 minutes après. Il est important de ne pas se tromper de charriot. Sinon il part sur une autre île. J’ai bien vérifié, c’est bon, il est dans le chariot pour Raiatea. Ils sont ensuite hissés à bord par des grues comme les scooters. Puis la file pour monter à bord. Ils font d’abord repartir le bateau avec lequel je suis arrivée, puis c’est au tour du nôtre.

Départ 7h30, arrivée 12 heures à Raiatea. J’ai demandé à ce que la mer soit calme et sans pluie. La traversée est magnifique et calme, sans encombre. Je m’assois à côté d’une femme, une américaine qui parle un français impeccable. Étonnant ! Elle l’a appris au Mans où elle a vécu une année étant jeune. Elle va à Raiatea rejoindre son mari qui est à bord de leur voilier pour le caréner. Ensuite, ils vont aux Marquises pour trois mois, histoire de laisser passer la saison des cyclones (de janvier à mars). Elle a manifestement beaucoup navigué comme jeune équipière d’abord, ensuite avec son mari. Ils naviguent un temps, puis rentre travailler un moment avant de reprendre la mer. Ils ont parcourus le monde…

Elle me fait goûter un dessert typique qui se trouve sur le marché de Tahiti, j’ai oublié son nom. Puis du cresson frais, il est délicieux. Je rêve de salade fraîche depuis plusieurs jours, ça me manque et je n’ai pas encore trouvé d’alternative en dehors des avocats et des concombres.

Arrivée à Raiatea, J’attends H. sur le quai ; je suis la dernière. Elle arrive dans un gros 4×4 Ford pick-up avec beaucoup de nonchalance !
– Nathalie ?
– Oui Iaorana H.
– Iaorana, monte

Nous faisons connaissance. Elle me propose de nous arrêter pour faire des courses.
Tiens, je te donne un sac, prends tout ce que tu veux !
Je ne sais pas si c’est elle qui règle ou pas. Quoi qu’il en soit, je prends tant bien que mal ce qui me convient. Du riz, beurre salé, un fromage de chèvre, il n’y a plus d’œuf. Elle me dit qu’ils sont régulièrement en rupture de stock car ils n’arrivent pas à fournir autant que la demande. Je prends aussi des avocats qui coûtent le double de ceux de Moorea, les prix sont encore plus cher qu’à Moorea :
Le chèvre est à 203 Fr. Pacifique à Moorea, 420 Fr. Pacifique à Raiatea.
L’avocat, 286 Fr. Pacifique, le kilo à Moorea, 435 Fr. Pacifique à Raiatea Alors qu’il est produit en local, et surtout pousse tout seul ! Il y a encore moins de choix qu’à Moorea. Sauf en ce qui concerne les sodas qui sont vendus en canette pour la plupart. Quelques bouteilles, mais sans plus, ils consomment des canettes pour la plupart, ce qui est une hérésie, quand on sait que l’aluminium est néfaste pour la santé. Je n’ose imaginer le mélange avec les sodas…

Arrivée dans sa maison : Elle est assez grande et a été agrandie au fur et à mesure. De bois et de taule comme beaucoup par ici, sauf la salle de bain qui est en dur. J’ai ma chambre sous les toits avec un matelas par terre et deux fenêtres étroite, un ventilateur au plafond qui brasse un peu d’air en l’air ! Une salle de bain aussi pour moi avec des toilettes sans lunettes. Une amie me fait remarquer que j’ai de la chance d’avoir des toilettes, il y a des endroits sans eau courantes ! Je déjeune tranquille dans mon coin, H. ayant pris un brunch avant avec des amis.

Il fait une chaleur folle, 30° avec un taux d’humidité élevé : 80 %. Je ruisselle sans rien faire et ce n’est pas facile. Pas un souffle d’air, nous sommes dans une vallée, à l’abri du vent, au bord de la mer, au fond d’une baie. Repos pour H., C’est sa seule journée dans la semaine. Je me mets dans ma chambre pour écrire, j’ai du retard.

17h30, nous allons donner à manger aux canards, ils sont neuf. Un seul au début : Germain qui s’ennuyait, alors elle lui a trouvé de la compagnie. 18 heures, elle dîne d’une soupe choinoise toute prête. Elle partage avec moi, les avocats n’étant pas encore mûr ; Un morceau d’ananas et le tour est joué.

Depuis mon arrivée, je me fais dévorer par les moustiques.
Elle me raconte qu’il y a peu, elle avait un bateau pour aller pêcher et transformer le poisson. Elle a tout revendu pour se consacrer à la culture de la vanille. Elle a obtenu en 2010 la médaille d’or au salon de l’agriculture de Paris. Lors de sa séparation, elle est repartie de zéro. Cela fait trois ans qu’elle cultive de manière traditionnelle comme les anciens. Elle a d’excellents résultats. Elle parle aux plantes et sait parfaitement ce qui leur convient. À chaque pied, des feuilles mortes et des coco par-dessus, pour que les poules ne viennent pas attraper les verres de terre essentiels !

Elle a découvert il y a quelques années que son compagnon, le père de ses deux filles, sortait avec la jeune femme de son père. Son père, étant trop âgé pour honorer sa femme, il a demandé à son gendre de s’en occuper. Heiata a mis son homme à la porte sur le champ. Heureusement, elle avait reçu des terres de sa mère sur lesquelles elle vit aujourd’hui. Sa mère est morte quand elle avait 17 ans, léguant à ses enfants des terres et des maisons. Heiata a eu la sagesse de les garder, alors que beaucoup de tahitiens les ont vendues à des Popa’a, se retrouvant sans rien aujourd’hui et avec des difficultés pour se loger. Aujourd’hui, comme en France, pire qu’en France, il est très compliqué de se loger et ou de trouver un terrain. À moins d’avoir un bon réseau…

Ferry pour Raiatea

Lundi 13 novembre 2023

Réveil vers 5h15 par les coqs et les voitures qui passent, nous sommes au bord de la route. Je me lève à 6h. Douche et petit déjeuner.
Nous attendons l’ouvrier de H. qui arrive à 7h15 et montons à l’exploitation. Je découvre la vanille, le café et le cacao. Quel travail d’avoir tout redémarré et refait ! C’est magnifique et luxuriant. Il se met à pleuvoir fort ce qui interrompt la visite ; nous rentrons. Une douche et je me change. H. a rendez-vous à 10h en ville. En attendant, ménage du salon et traitement des meubles en bois à l’huile de lin. Elle déménage son salon, mais ça coupe les énergies complètement. Je lui partage dans la voiture ; Elle écoute, et me dit de lui montrer en rentrant. Elle me dépose dans la rue principale : sur 200 m, il y a tout ou presque. Je vais sous les Halles et achète des bananes. En haut se trouve l’artisanat : beaucoup de bijoux et colliers, avec des coquillages ou de la nacre, en perles aussi ; des paréo et des robes faits ici. Je regarde et redescends. Mon sac est assez lourd pour le moment, je ne veux pas en rajouter, sans compter que je n’ai pas envie de succomber à ces tentations. 
Je vais à l’office de tourisme prendre des infos et je m’assois au café en attendant et H. . Nous rentrons en ayant fait quelques courses alimentaires avant.

Je déjeune seule et vais me poser, il fait encore très chaud, je dors un peu et écris. Un de ses amis passent, je les laisse. Nous finissons le salon ensuite, mon idée lui convient.
À 16h30, Aurélie vient lui faire un massage : cette femme de gendarmes qui est originaire du Cantal a découvert qu’elle pouvait faire du bien aux autres. Elle s’est souvenue que sa grand-mère l’emmenait à la messe, elle seule. Elle n’arrive pas à se dire guérisseuse car elle se méfie des charlatans. Elle propose à H. un nouveau message appris auprès d’un guérisseur : avec des bambous. Elle a trois morceaux de bambous : deux courts et un grand dont elle se sert selon les différentes parties du corps. Elle masse avant pour repérer les nœuds, et ensuite les défaire avec les bambous en en prenant  un ou deux à la fois, aidée de l’huile de coco vierge qui est locale. Elle passe au crible le corps de H., qui apprécie grandement. H. l’a fait venir aussi pour que je discute avec elle.

Dîner à 17h50 pour H. . Nous discutons de mon prochain woofing, et je réalise que ce n’est pas à Raiatea que je vais mais à Tahiti. Je demande confirmation à la famille qui acquiesce ! Je suis prise au dépourvu.

Je découvre qu’ H. ne m’a pas tout dit : elle souhaite que je reste pour m’occuper de ses animaux pendant qu’elle va à Tahiti, voir ses médecins. Elle part le 23 novembre alors que je lui ai dit que j’étais prise cette semaine là pour un woofing.

Pas très clair non plus dans ce qu’il y a à faire et les horaires. Sur le pont toute la journée depuis mon arrivée, ce n’est pas la règle. En woofing, il s’agit de faire trois heures de travaux par jour si on est logé quatre ou cinq heures si les repas sont fournis. Une amie me rappelle que je n’ai pas d’engagement et que je peux partir quand je veux si ça ne me convient pas.

Dur dur ici, l’air manque et il fait très chaud. Je me sens repartir en énergie basse mais moins qu’en arrivant à Moorea. Le moral est bien meilleur.
Elle me propose de rester ici si je veux, puisque j’ai un toit. Je lui dis que la nuit porte conseil, je dors dessus. Quelque chose me dérange…
Encore du mal à m’endormir à cause de la chaleur.

Mardi 14 novembre 2023

Réveil à 5h15 par les coqs et les voitures. Levé à 6h pour prendre une douche. Je remets ma tenue de travail. À 7h15, nous montons à l’exploitation. Je ratisse les feuilles et remets les coco sur les pieds des plans que les poules ont déménagé pour gratter et attraper les vers de terre. Il fait une chaleur folle avec une humidité incroyable ! Je dégouline et me dis que j’aurai du mal à tenir ainsi pendant 3h. 15 minutes après, H. m’appelle : j’ai la tête qui tourne. Malade depuis hier soir, elle n’a pas dormi de la nuit. Je lui dis de se mettre les jambes en l’air si elle sent qu’elle va s’évanouir. Je continue le job 15 minutes et nous rentrons. Elle va à la pharmacie chercher des médicaments pendant que j’aspire sa voiture. En rentrant, elle va dormir. Je déjeune seule et écris la suite car j’ai du retard.

Pas facile de suivre un rythme, tout en découvrant un lieu, des personnes. Car j’écris à la main, d’abord dans un carnet, puis le tape sur mon ordinateur pour ensuite le mettre en page et en forme sous forme d’articles sur mon site. Vos retours me font chaud au coeur. Je continue, il me faut adapter la fréquence et essayer d’être régulière autant que possible à moins de faire des vidéos et des réels. Pas encore à l’aise avec ses moyens de communication…

J’ai aussi trié et rangé mes affaires dans ma sacoche qui fait office de sac à main. Je trouve le pendentif des femmes de nos cercles que je porte autour du cou. Il a été chargé de leurs belles énergies pour pouvoir le porter quand j’en ai besoin. Je le mets à 12h45, à 15h10, je me sens mieux et plus en forme.

Je sens la maison de H. polluée. Il y a des ampoules basse consommation au mercure, et surtout dehors des bidons bleus, de gros bidons, déjà vu dans les fermes en France qui étaient des produits chimiques, je n’ai pas encore posé la question, ça ne saurait tarder.

Mercredi 15 novembre 2023

H. est toujours malade et je commence à l’être aussi…

Jeudi 16 novembre 2023

Journée allongée à dormir ; je ne déjeune pas. Je dîne léger en mangeant des œufs qui ne sont pas bon ! Je tousse beaucoup, une bronchite probablement. Je commence à perdre ma voix ! 

J’ai pris la décision de partir. Je ne me sens pas bien et je n’ai pas aimé la façon qu’a eue H. de faire les choses sans me demander mon avis. Je crois que j’ai de la colère, je n’aime pas quand ce n’est pas franc…

Vendredi 17 novembre 2023

Nuit éprouvante à tousser beaucoup ! Je me réveille en nage. Je prépare mes affaires doucement mais sûrement. J’ai le tournis dans la salle de bain, sens que je vais m’évanouir et m’allonge un peu avant de continuer et finir. H. m’a dit d’être prête à 8h, elle arrive à 7h30 pensant que je serai prête. Je ne comprends pas tout, il y a eu de nombreux mystères, dans ce qu’elle m’a partagé ou plutôt des choses dites un jour qui changent ensuite…

Elle aurait aimé que je reste et était prête à contacter la famille où je vais après pour s’arranger avec eux, sans forcément m’en parler. Elle m’a demandé leur nom de famille par téléphone, elle voulait les contacter, je pensais qu’ils habitaient à Raiatea.

Plusieurs choses font que je ne me sens pas bien ici. Avec le recul, j’aurais dû partir avant. Tout ça sont des initiations, des apprentissages. Je ne lui ai pas non plus dit le fond de ma pensée. Des amis m’ont rappelé qu’avec le woofing, il n’y a pas d’engagement, je peux m’en aller quand je veux ; pas forcément facile quand je suis accrochée au fait de tenir mes engagements !
Rester alignée avec mes besoins, me voilà bien chamboulée. Je fais une autre semaine de woofing lundi. Je vois si cela me convient…

Elle me dépose en ville proche de la boutique qui vend les billets de bateau. J’en achète un pour lundi, vais à la poste prendre une recharge de téléphone et prendre des sous. Je vais boire une citronnade en attendant Corinne qui m’emmène au LTB Fenua camping.

Après 45 minutes de route, un chemin cabossé descend au camping. Je suis accueillie par les employés de Vaite qui prennent mon sac à dos très gentiment. Flora, 35 ans, volontaire, me fait faire le tour, Vaite, n’étant pas là. La vue est époustouflante ! A mi-hauteur de la montagne, le lieu surplombe la mer et le lagon : c’est sublime ! Des mélanges de bleu et de verts sous un soleil radieux. Je me pose dans un fauteuil et regarde la vue en méditant, me reposant.
Emma et Flora préparent ma case, je la découvre en milieu d’après-midi. C’est simple et rudimentaire : un lit, une moustiquaire, une table, un rondin de bois. La cabane est en bois, bambou, feuilles tressées pour le toit et les côtés, une bâche la recouvre. Des toilettes sèches, une douche extérieur avec de l’eau froide qui sort d’un tuyau. Il y a deux autres cabanes comme celle-ci et deux tentes couvertes d’un toit tressé. Nous sommes en bas, au bord de la mer avec la vue sur le lagon qui est sublime. Après-midi à contempler les bleus, les verts qui s’emmêlent, et à tousser. Je suis aphone, je suis fatiguée…

Soirée de départ de Flora. Fin de 15 jours ici qu’elle a grandement aimés. Repas partagé et mise en commun. Je demande à Alex, un autre woofer/volontaire, d’acheter un paquet de chips, n’ayant plus grande monnaie. Et peu d’énergie pour faire quoi que ce soit d’autre.
Cette soirée va durer jusqu’à 2h du matin. Vaite nous raconte un peu l’histoire de l’île et ses légendes. Me voilà enfin dans le vif du sujet ; nous parlons la même langue. Avant la fin de la soirée, je lui demande si je peux rester une semaine de plus, elle me dit que c’est OK.

Toute la population du Pacifique vient de Raiatea. Les tahitiens sont partis d’ici pour coloniser les autres îles : Hawaï, la Nouvelle-Zélande, les Fidji, Tonga, les autres îles de Polynésie…
Ils sont partis du Marae situé de l’autre côté de la baie, en face du camping ; site sacré de cultes, raison pour laquelle on appellera Raiatea l’île sacrée.

La passe en face du Marae est sacrée comme la montagne dans la continuité de celui-ci. Il y a un marae dans la montagne qui n’est accessible qu’aux esprits purs. Même Vaite ne peut s’y rendre…

Noix de cajou
Régime de bananes
Préparation du déjeuner du dimanche devant ma case
Coucher du soleil de la plage du camping LTB

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